Dans la peau d'un blogueur influent

Ce week-end j’ai participé à l’organisation de la convention Epitanime 2009, un évènement autour du manga, de l’animation japonaise et de certains aspects de la culture japonaise. Parmi les nombreuses anecdotes qui arrivent nécessairement dans ces cas là (c’est un forfait indivisible :-) ), je me propose de vous raconter celle où j’ai testé pour vous et malgré moi : être dans la peau d’un blogueur influent.

Je ne m’intéresse aucunement aux mangas, mais plus à la culture japonaise en général, ce qui n’est pas vraiment l’objet de cette manifestation. Aussi ce n’est nullement ce qui me pousse à y prendre part. La raison essentielle est simplement que participer à l’organisation d’évènements de cette taille est à la fois très enrichissant et vraiment amusant, bien qu’épuisant. De plus, la motivation et le travail de cette association suffisent à justifier de leur prêter main forte. Voir des gens se bouger pour faire des choses est trop rare pour ne pas être encouragé.

Les moments de calme sont idéaux pour saluer les personnes que l’on n’a pas vu depuis longtemps, ainsi que toute autre forme d’activité sociale. Organisateurs, spectateurs, presse… Amis ou simples visages connus, d’année en année on retrouve des habitués, des vieux même dit-on entre nous, et c’est parfois la seule occasion de l’année de les voir, notamment lorsqu’ils viennent de loin.

Samedi matin, alors que l’activité était encore calme dans la section dont je m’occupais, nous discutions donc avec légèreté (mais par moments aussi, lourdeur :-) ) de choses et d’autres… Tandis que le petit groupe que nous étions débattions de sujets aussi importants que comment chacun allait, le problème de la contrefaçon, ou encore la longueur des jupes, mon interlocuteur me passait sa peluche (ou alors c’est moi qui la lui ai prise, à vrai dire je ne me souviens plus), et je commençais à jouer avec, pour finalement la poser sur mon épaule et continuer à discuter en l’oubliant presque. Un mignon, quoi que poussiéreux, petit raton-laveur, avec comme chaque année ses quatre bracelets d’entrée (deux jours et deux nuits) attachés autour de la queue.

Habillé en Raton
(Merci Noryu pour la photo !)

C’est alors que rentrent deux visiteurs qui s’arrêtent stupéfaits en nous voyant, et s’exclament : « C’est la peluche du raton ? » Et moi de leur répondre « Oui, bien sûr », avec le ton de l’évidence de la personne pour qui cette peluche n’est que celle d’un personnage habituel et même obligatoire de la convention (qui a dit folklore ?). Les deux s’agenouillent alors immédiatement devant moi dans un simulacre d’idolâtrie : « On est… pas dignes ». Moi, avec un ton blasé, pointant le propriétaire de la peluche du doigt : « Raton, c’est lui… ».

Je me demande juste ce qu’a ressenti Raton en se voyant couvrir de fleurs à la troisième personne. :-) En tout cas il avait l’air touché par le discours de ses deux fans, une fois sa personne correctement identifiée. ;-)

L'entrée des seigneurs

Tout d’abord ceux sont les autres qui arrivent, prenant place calmement tandis que le brouaha informe laisse place à des applaudissements formels. Puis c’est au tour de ceux du fond, arrivant simultanément des deux côtés pour s’aligner à l’arrière, dominant alors l’ensemble.

Ce n’est qu’une fois que tous sont installés qu’ils arrivent, en dernier, en même temps que lui. Ce seul détail montre déjà leur importance. Ils sont quatre, deux hommes et deux femmes, la démarche posée. Il se dégage d’eux à la fois calme, détermination, et fierté. Ils sont les seigneurs.

Une fois que lui a pris place à son poste de commandement, le silence se fait. Il salue l’assemblée, puis les salue eux, qui le saluent à leur tour. Tous vont pouvoir commencer.

Ils resteront pourtant assis, immobiles et attentifs, pendant presque tout la durée, alors que le monde s’active avec frénésie autour d’eux au rythme de l’œuvre.

Puis viendra leur tour, au quatrième mouvement. Ils se lèvent lorsque vient leur moment d’intervenir, et montrent alors le caractère qui les rend si particuliers. Leur voix tonne l’hymne à la joie, couvrant l’audience d’harmoniques prodigieuses qui donnent peine à croire qu’un humain puisse faire cela. C’est pourtant ce qu’ils font.

C’est la 9ème symphonie de Beethoven.

Si demain je mourais, mes amis sur Internet le sauraient-ils ?

Vous êtes vous déjà demandé ce qu’il adviendrait de votre identité sur Internet si vous veniez à mourir ? Vos contacts sur Internet seraient-ils seulement au courant ? C’est une question que je me suis posée plusieurs fois, à mesure que le nombre de mes cyber-connaissances augmentait. J’ai un jour eu un début de réponse.

C’est bête à dire, mais on peut mourir du jour au lendemain, quelque soit l’âge, et de façon aussi violente qu’inattendue. L’association dont je fais partie organise un concours d’informatique. Chaque année nous envoyons un courrier aux anciens candidats encore en âge de participer pour leur proposer de retenter l’expérience. Une année l’une des lettres nous est revenue, avec au dos quelques mots de la mère du candidat, nous expliquant que celui-ci avait été tué, renversé par une voiture. Ça fait un choc, on ne s’y attend pas, surtout quand la limite d’âge est de vingt ans. Quelqu’un de moins de vingt ans, ça ne meurt pas, enfin seulement statistiquement. En fait si.

Et sans ce courrier, on ne l’aurait jamais su. Si on n’avait pas rencontré cette personne, si on n’avait pas eu ses coordonnées postales, et que l’on s’était contentés de la contacter par mail, autrement dit, si on ne l’avait connue que par Internet : aurait-on appris la nouvelle ? Il me semble probable que l’on n’aurait jamais eu de réponse, et pensé que la personne n’utilisait plus cette adresse, ou qu’elle n’avait pas l’intention de répondre. Elle aurait simplement disparu de notre paysage de connaissances sans laisser de trace, et certainement pas de deuil.

Alors que se passerait-il dans le cas d’un contact régulier, un ami ou une relation de travail, sur un réseau social, sur messagerie instantanée, sur IRC, ou sur une mailing-list ? Parmi mes contacts réguliers sur Internet, il y a les personnes que je côtoie dans la vie de tous les jours bien sûr, mais aussi des personnes que je ne vois plus car elles ont déménagé, voire se sont installées dans un autre pays. Cela dit ces personnes sont en contact avec des amis communs, aussi elles seraient probablement rapidement informées si quelque chose m’arrivait. Mais il y a également des personnes auxquelles j’attache de l’importance et que je n’ai pour autant jamais rencontrées, ou même qui habitent dans des pays où je n’ai jamais seulement mis les pieds. Il y a également des personnes que j’ai rencontrées, des amis mêmes, mais avec qui mon seul contact du fait de la distance et du décalage horaire est Internet.

Toutes ces personnes ne me voient qu’à travers mes mails, mon site, mon blog, mes photos… Bref par mon activité sur le net. Si tout à coup une telle personne ne donne plus de nouvelles : on se dit que ses horaires où ses habitudes ont changé, que sa charge de travail a augmenté, ou tout simplement qu’elle ne souhaite plus nous parler. On y accordera une importance pouvant aller d’un extrême, à l’autre. Selon les rapports avec cette personne. (^&

Ce smiley que je viens d’utiliser, je le l’aimais beaucoup. Un côté espiègle et original. Je ne l’ai jamais vu que sur les mailing-list de OpenGLUT et FreeGLUT (deux projets libres visant à remplacer GLUT, une bibliothèque propriétaire plus du tout maintenue). En fait, il n’y avait qu’une seule personne utilisant ce smiley, et le voir suffisait à identifier l’auteur du mail comme une marque caractéristique. Sur une telle mailing-list, les gens vont et viennent : il y a les mainteneurs, qui sont plus ou moins actifs par période selon leurs disponibilités, et les utilisateurs parmi lesquels on distingue les habitués de ceux qui passent sans jamais revenir. Alors lorsque quelqu’un ne poste plus, cela n’a rien de surprenant, et on le remarque ou pas. En ce qui me concerne, j’ai remarqué lorsque les smilies ne sont plus apparus. Je ne m’en suis pas inquiété, mais je l’ai remarqué. Son auteur devait être occupé, peut-être même au point de ne plus du tout pouvoir s’impliquer dans ces projets.

Et puis un jour, plus d’un an après. le responsable du projet a posté un mail, dans lequel les citations permettaient de voir le cheminement de l’information, depuis la mailing-list de NetBSD à celle de OpenGLUT puis de FreeGLUT. Avec dix mois de retard, on venait d’apprendre qu’il était décédé, tué par un chauffard ivre alors qu’il était en vélo.

Il s’appelait Richard Rauch, et était un contributeur important du projet NetBSD. Aussi son frère avait envoyé un mail aux responsables de ce projet pour les en informer. Le responsable d’OpenGLUT était tombé quant à lui sur ce message dix mois plus tard.

Je ne connaissais pas cette personne, j’avais seulement eu quelques échanges sur la mailing-list. Mais j’avais remarqué la disparition de son smiley si caractéristique, quelques mois avant la disparition de son auteur.

Le mail à la communauté NetBSD date du 14 mars 2006. Dans trois jours, ça fera trois ans.

ML freeglut : FW: [Fwd: Re: Richard Rauch]
NetBSD community : Richard Rauch gone
One of our own has fallen

La fête est finie

Ce graphique, obtenu grâce au site Boursorama, présente l’évolution du CAC40 au cours des cinq dernières années. à gauche, c’est la fin de la chute due à l’éclatement de la bulle Internet. S’en est suivie une période de croissance remarquable, avec une apogée en 2007, où le CAC40 valait plus de 5000 points, et dépassait même les 6000 par moments. Bref c’était la fête.

Puis il y a eu un certain recul, en plusieurs paliers, importants mais pas dramatiques. Et soudain, les subprimes : depuis c’est le drame. Hier le CAC40 a enfoncé la barre symbolique des 3000 points, autrement dit il avait perdu la moitié de sa valeur par rapport à un an et demi plus tôt. Aujourd’hui il est passé sous la barre des 2900 points.

Le voilà revenu à sa valeur de mai 2003, à la fin de la crise. Manifestement, la fête est finie.

Alors maintenant que va-t-il se passer ? L’étendue de mon ignorance en matière d’économie ne me permet certainement pas de m’avancer ; tout juste de constater. Mais il faut noter qu’au cours des dernières semaines, la valeur a rebondit plusieurs fois sur un support à 3200. Cela est à mon avis en partie dû au fait que les achats et ventes sont effectués par des humains, et que les humains aiment bien les nombres ronds. Aussi, il est probable que de nombreux ordres d’achat aient été scriptés pour être lancés à l’approche de ce seuil, ayant pour conséquence de faire remonter la valeur à chaque fois.

Après l’annonce de la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre, le CAC40 s’était écroulé de 4350 à 4000, puis avait rebondit plusieurs fois sur cette valeur jusqu’au vendredi 3 octobre. Le lundi, il la passait, et s’effondrait alors à 3200 en seulement cinq jours, soit une chute de plus de 22%, ce qui lui avait valu la première page de grands quotidiens plusieurs jours de suite.

Mais maintenant que l’on est même passé en dessous de 2900, sur quoi va-t-on rebondir ? Est-ce que la chute va se calmer, ou reprendre de plus belle comme précédemment ?

La crise financière au jour le jour

Je n’y connais quasiment rien en économie, mais lorsque j’ai vu ce gros titre sur le journal lu par un usager dans le métro, j’ai ri. Tirer ce genre de conclusion semble un peu hâtif.

20 Minutes, 14 octobre 2008 : Le sauvetage semble marcher

La crise économique actuelle est historique : on en parlera peut-être dans vingt dans les livres d’histoire comme la crise d’octobre 2008. Et nous aujourd’hui, on est dedans : on en est contemporains. On pourra dire à nos enfants : « J’y étais, je le suivais en direct sur Internet (un truc de pays riche qu’on avait) et je faisais F5 dans mon navigateur pour voir le CAC40 valoir 1% de moins à chaque fois ».

Les gouvernements font ce qu’il peuvent pour limiter les dégâts, mais il ne faut probablement pas s’attendre à ce que la reprise arrive tout de suite, bienveillante. Lorsque les scéances se succèdent avec des clôtures à plus ou moins 6%, voire atteignent deux chiffres, ce n’est pas en une scéance positive que tout va aller mieux. Ce qu’il se passe porte un nom : c’est la panique.

Aujourd’hui, sans surprise, c’est à nouveau la chute. Alors juste pour rire, je propose le gros titre suivant pour demain.

20 Minutes, 14 octobre 2008 : Le sauvetage semble marcher