Samedi soir, environ minuit : la discussion avec Nicolas va bon train. Dehors du vacarme, et des cris répétés et insistants. Difficile d’identifier s’il s’agit de cris d’euphorie ou d’angoisse. Avant même de voir quoi que ce soit, une image se forme à partir du seul bruit. Des jeunes. Pas loin d’une dizaine. Le cri est nettement féminin. Je jète un œil depuis le balcon : soit c’est la fête, soit c’est grave.
En bas, sur la rue, un jeune au sol recroquevillé. Autour de lui, quatre autres lui donnent d’abondants coups de pieds. À côté, une fille hurle d’arrêter. Au bruit, il y a d’autres personnes plus loin que je ne vois pas. C’est trop dangereux de descendre : « Nicolas, appelle les flics, ils sont en train de tabasser un mec en bas. Ils sont quatre dessus. » Une sirène devrait suffire à les disperser, ça évitera au gars d’en prendre trop longtemps (le commissariat du 13ème est à moins de 4 minutes) et éventuellement d’y rester.
Ça se calme un peu ; ça se déplace ; on ne les voit plus ; ça reprend. Les gens crient d’arrêter depuis les fenêtres. Un vieux menace d’appeler la police, splendide démonstration d’égoïsme : le gars en train de se faire démolir en bas ne lui importe pas, il est juste gêné par le bruit. De toute façon, on l’a déjà appelée. La rue est à sens unique : quand la voiture arrivera, on la verra.
Mais la police, on ne l’a pas vue. Ni entendue.
Sachez-le : si vous vous faites agresser dans Paris, vous ne pourrez compter que sur vous.
P.S. : Je fais quoi la prochaine fois, j’appelle les pompiers ? Eux au moins ils se déplacent, et il pourront toujours évaluer les dégâts.