Si j'avais le temps…

Si j’avais le temps, il y a tout un tas de choses que j’aimerais faire. Dans le désordre :

  • J’apprendrais plein de langues : le Coréen, parce que le Hangul est peut-être le meilleur système d’écriture au monde ; le Russe, pour sa sonorité ; le Roumain, je ne sais pas trop pourquoi…
  • J’apprendrais aussi plein de langages de programmation, voire même les utiliserais : Ruby, Lisp, Haskell (pour l’instant je n’en suis qu’aux types ;-) ), D, Fortress
  • Je lirais le « Knuth » et le « Gödel Escher Bach ».
  • Je relirais mon cours de maths de spé que j’ai trop vite oublié.
  • Je me remettrais à l’algorithmique.
  • Je deviendrais première dan d’aikidô et de go, autrement dit je saurais à peu près pratiquer l’un et jouer l’autre.
  • J’apprendrais à jouer de la bombarde ou bien de la flûte irlandaise.
  • Je chercherais un boulot qui me donne envie de rester plus de deux ans.
  • J’avancerais mon projet de CMS d’illustrations, je coderais un moteur 3D, et un outil simple de création de schémas.
  • J’installerais ma Sun en serveur de fichiers et tant qu’à faire, j’apprendrais à me servir de Solaris 10.
  • Je ferais une feuille de style digne de ce nom pour ce blog et le reste du site.
  • Et pour finir, après ça, je m’offrirais en plus le luxe de glander !

Si j’avais le temps. Mais d’un autre côté, ne pas avoir le temps de faire tout cela permet d’oublier que si je ne le fais pas, c’est aussi parce que je n’ai le courage non plus. Ce n’est pourtant pas l’envie qui m’en manque.

Prendre en photo une inconnue

Samedi tard le soir, station Trocadéro, attendant un métro qui est peut-être le dernier, dans cette ambiance si particulière qui donne l’impression que tout le monde est euphorique, il y a une jeune femme assise sur le quai d’en face. Enfermée dans son monde, elle chante silencieusement au rythme de son balladeur.

Elle occupe le troisième siège d’une rangée de huit, derrière lesquels l’espace publicitaire présente dans un brouhaha visuel et coloré les différentes pièces de théâtre à l’affiche. Habillée d’un tailleur noir, elle constraste avec les sièges verts, le mur blanc, et l’affiche.

La composition serait intéressante, et ferait peut-être une bonne photo. Seulement voilà : comment sortir un appareil et faire un cliché sans l’importuner ? Comment lui demander son autorisation depuis le quai d’en face sans rompre cette ambiance ?

Finalement, il n’y aura pas de photo, et juste un souvenir.

Échec de supermarché

Geoffroy est frigoriste (ce n’est pas son vrai nom, juste un jeu de mots, que j’assume). Son métier, c’est de poser des installations réfrigérantes : climatisations à l’échelle de bâtiments, chambres froides, bref, du lourd. Chaque rencontre avec ce personnage est l’occasion d’apprendre des anecdotes fabuleuses vécues au cours de ses derniers chantiers. En voici une de toute beauté.

Aujourd’hui Geoffroy travaille sur un chantier de supermarché en construction. Autant dire que pour ce genre de construction, il y a de quoi faire : climatisation du bâtiment, rayonnages réfrigérés, chambres froides. Et quand il y a de quoi faire, il y a de quoi échouer.

Le fait que les décideurs décident soudain de modifier l’agencement des rayons une quinzaine de jours avant l’ouverture en est un premier. « Quel est le problème ? auront-ils sans doute pensé… Ce ne sont que des meubles ! » Le problème c’est qu’un rayon réfrigéré est un peu plus qu’un meuble, et que s’il est possible de mettre une gouttière pour les canalisations d’évacuation en dessous, pour ce qui est des canalisations de fluide calorique au dessus, il compter au moins deux jours par cinq personnes. Le frigoriste répond donc que non, ce n’est pas possible, car ce n’est pas juste une sorte de grosse armoire bretonne avec de la lumière. Mais ça c’est juste un petit échec, pour se mettre de bonne humeur.

Le vrai échec, celui qui fait mal, c’est lorsque le décideur vient s’enquérir du bon avancement des travaux, et apprend alors que contrairement à ce qu’il imaginait, les chambres froides ne seront pas prêtes pour le lendemain, car le triphasé n’étant pas encore installé, les frigoristes ne peuvent procéder aux tests de leurs installations. Le vrai échec, c’est quand le décideur comprend alors qu’il va falloir qu’il trouve une solution le temps que le triphasé soit installé, une semaine au bas mot, pour son stock de surgelés qui arrive… le surlendemain. Et à ce stade, ce n’est même plus la peine de penser aux tests.

Or de telles chambres utilisent des compresseurs gros comme des buffets, qui nécessitent au total quelque chose comme 400kW. C’est monstrueux, pratiquement la consommation d’un lotissement d’une centaine d’habitations. Pour fournir une telle puissance, il faut un groupe électrogène d’au moins quatre tonnes, ainsi qu’une citerne pour nourrir ce goinfre qui va engloutir plusieurs dizaines de litres de diesel à l’heure. Il faut compter pour s’offrir un tel jouet 50k€ au bas mot, ou plus raisonnablement au moins 1000€ par jour à la location, et probablement autant en diesel.

Voilà un échec grandiose. Personnellement je suis admiratif.