Les sourires

Parfois il y a le sourire resté sans réponse. On croise le regard, on tente d’être celui qui commence, mais la réaction ne vient pas, ou elle n’est faite que d’une grimace forcée qui demande toute l’imagination du monde pour y voir un sourire. Alors celui que l’on essayait de débuter meurt, trop faible et trop seul pour survivre. Les regards se fuient pour ne pas regarder l’inconfort dans les yeux.

Mais le plus mémorable reste toujours le sourire incontrôlable. Souvent il commence discret, sans que l’on sache trop pourquoi il naît ni qui l’a commencé. Mais se répondant de part et d’autre, il grandit, prenant de la force, échappant à tout contrôle et balayant les masques que nous pensions porter. Deux sourires rayonnants auxquels aucun des deux auteurs ne peut rien, ni ne le veut d’ailleurs. Un instant d’intimité entre deux étrangers.

Ce genre de sourire reste présent en mémoire pendant des années, et si plusieurs années après je me souviens de ces instants partagés, alors sûrement ces personnes s’en souviennent également. Nous ne nous connaissons pas, mais nous nous souvenons, nous partageons cet instant.

Vie au Japon – Le certificat de résidence (jūminhyō)

Le certificat de résidence, 住民票 (jūminhyō) en japonais, est un simple document d’une page qui certifie votre adresse de résidence, et qui est demandé pour certaines procédures administratives.

Il se fait faire à la mairie (le kuyakusho par exemple : 区役所) : le service est payant et coûte 300 à 400 yens. Le certificat a une validité de trois mois.

En l’absence de queue il faut compter 15mn : on remplit tout d’abord la demande au guichet, qui part à l’arrière pour être traité, et on est rappelé un peu plus tard à un autre guichet pour se voir remettre le document. À noter que si la mairie en dispose, il est également possible d’obtenir ce certificat via une machine.

Combien de vacances ?

Cet Allemand de passage au Japon lance soudain le sujet des vacances. « J’ai entendu dire qu’il n’y avait pas beaucoup de vacances au Japon. » Et de leur demander : « Vous avez combien de jours de congés ?
— Huit jour par mois. »
Il est surpris, ça semble beaucoup. Je le regarde. « Je crois qu’elle parle des week-ends.
— Ah, mais en dehors des week-ends ?
— Il y a les jours fériés.
— Oui mais sinon, les vacances ? »
Elle ne semble pas comprendre où il veut en venir, et s’apprêter à répondre que non, quand l’autre signale les cinq jours en été. Il me regarde, sans voix. « Oui nous ça nous choque, mais eux ça leur semble normal. »

Métaphore

Il y a une chose difficile à accepter dans le cas d’un accident nucléaire comme celui qui s’est produit l’année dernière au Japon, et plus généralement dans le cas d’une pollution ayant des effets statistiques sur la santé. Cet accident va entraîner des problèmes de santé, des cancers, et vraisemblablement des morts sur le long terme, mais il est impossible de pointer un cas et affirmer qu’il est dû à cette pollution. On peut seulement se contenter de constater une différence statistique. Pire, il est difficile, sinon impossible, de faire même la part entre ce facteur et d’autres.

L’autre jour en passant devant un magasin de fleurs j’observais la queue de clients en cette veille de Saint Valentin. Le nombre de clients est certainement significativement plus élevé en cette période, comparativement à d’habitude. Mais le reste de l’année il y a tout de même des clients. Aussi pour un observateur extérieur, alors s’il semble évident que cette queue est due à la période, il est impossible de pointer du doigt un client et affirmer que c’est la Saint Valentin qui le fait se déplacer. Sauf à lui demander bien sûr. :)