Parfois il y a le sourire resté sans réponse. On croise le regard, on tente d’être celui qui commence, mais la réaction ne vient pas, ou elle n’est faite que d’une grimace forcée qui demande toute l’imagination du monde pour y voir un sourire. Alors celui que l’on essayait de débuter meurt, trop faible et trop seul pour survivre. Les regards se fuient pour ne pas regarder l’inconfort dans les yeux.
Mais le plus mémorable reste toujours le sourire incontrôlable. Souvent il commence discret, sans que l’on sache trop pourquoi il naît ni qui l’a commencé. Mais se répondant de part et d’autre, il grandit, prenant de la force, échappant à tout contrôle et balayant les masques que nous pensions porter. Deux sourires rayonnants auxquels aucun des deux auteurs ne peut rien, ni ne le veut d’ailleurs. Un instant d’intimité entre deux étrangers.
Ce genre de sourire reste présent en mémoire pendant des années, et si plusieurs années après je me souviens de ces instants partagés, alors sûrement ces personnes s’en souviennent également. Nous ne nous connaissons pas, mais nous nous souvenons, nous partageons cet instant.