Les interfaces du futur

Soyons clair, le WIMP est aujourd’hui complètement dépassé, et les boutons pillules de Mac OS X, le composing de Xorg, ou les fenêtres élastiques et le bureau 3D de XGL ne sont que des améliorations très mineures, qui sont certes esthétiques ou amusantes, mais certainement pas innovantes. Si on ne sait pas à quoi ressembleront les interfaces de demain, les projets existants permettent néanmoins de s’en faire quelques idées, et honnêtement, ça donne envie.

Voici par exemple un projet du laboratoire CLIPS de Grenoble : le Magickboard. Un tableau effaçable, un feutre, une brosse et quelques jetons côté utilisateur, un projecteur et une caméra côté système, et vous avez une interface tangible avec un peu de réalité augmentée d’une simplicité et d’une efficacité remarquables. Vivement demain !

http://iihm.imag.fr/demos/magicboard/

Trésor d'ergonomie

C’est lors d’un séjour au Japon que j’ai eu l’occasion de découvrir l’interface qui m’a le plus marqué d’un point de vue ergonomique et même technique d’une façon générale. Cette interface, c’est le distributeur de ticket de train et de métro que l’on trouve en de nombreux exemplaires dans n’importe quelle station JR. Ce système est tout simplement une merveille d’ergonomie, et son cahier des charges ainsi que celui du composteur pourraient tenir sur un simple bout de papier : « Il faut que ça marche ».

Distributeur de ticket de train et métro

Comme on le devine sur la photo, l’écran est tactile. Bien que ce ne soit pas très visible sur ce cliché, il affiche les tarifs disponibles. Au Japon, le prix d’un ticket dépend en effet de la destination. Au dessus des distributeurs se trouve un plan du réseau JR avec la station où l’on se trouve clairement indiquée en rouge, et pour chaque autre station un nombre que l’on comprend aussitôt être le prix pour s’y rendre.

Le problème classique d’ergonomie qui se pose alors généralement est de définir l’ordre des opérations à effectuer pour obtenir son ticket. Sans doute avez-vous déjà vu un distributeur avec des pictogrammes ou des explications numérotées. Rien de tout cela ici : les concepteurs ont décidé de résoudre ce problème de façon cavalière, en permettant aussi bien de choisir d’abord son ticket pour ensuite insérer un moyen de paiement, que d’insérer un moyen de paiement en premier et de choisir le ticket ensuite, auquel cas les boutons deviennent disponibles à mesure que l’on insère de la monnaie. Dans les deux cas, la somme insérée est indiquée clairement par un petit affichage rouge.

Lorsque l’achat est validé, c’est à dire lorsque suffisamment de monnaie a été insérée dans le premier cas, ou lorsqu’un tarif a été indiqué dans le second, le ou les tickets arrivent immédiatement tandis que les fentes pour insérer de l’argent se bloquent et que la monnaie est rendue. Le paiement lui même peut se faire avec de la monnaie, des billets, ou encore d’autres moyens que je n’ai cependant pas eu l’occasion de tester.

Notez la largeur imposante de la fente prévue pour les pièces. Pas question d’insérer les pièces une par une, ce serait faire perdre du temps à l’usager et augmenter les files d’attentes ! J’ai testé avec succès l’insertion simultanée de neuf pièces : la machine n’a pas bronché, même s’il faut reconnaître qu’elle a mis quelques secondes à compter la somme insérée. Je n’ai cependant pas eu l’audace de tester l’insertion simultanée de plusieurs billets, mais je ne serais aucunement surpris que cela fonctionne également.

Notez également les boutons sur la gauche : là non plus je n’ai pas eu l’occasion de tester chacune des fonctionnalités de ce système, mais il est manifestement possible de préciser combien de tickets l’on veut, dans le cas d’un groupe de personnes. C’est un petit rien qui fait gagner un temps précieux.

Pour finir, une parenthèse sur le portique de compostage : cette machine se présente, sans surprise, comme un bloc séparant deux passages, et comporte une fente clairement visible sur le front pour insérer son ticket, et une fente sur le dessus pour le récupérer. Ce qui est plus surprenant déjà est la taille de ces fentes : environ cinq centimètres, alors que le ticket a un format comparable à celui de n’importe ticket de bus ou de métro en France. Cela s’explique simplement par le fait qu’il existe des tickets de plus grande taille (abonnements, etc.), pratiquement au format carte de crédit.

Mais alors comment se comporte cette machine lorsqu’un ticket de petite taille est inséré n’importe comment, dans le chaos des heures de pointe ? Et bien la réponse est simple : elle se comporte de façon étonnamment robuste. Après avoir testé l’insertion du ticket dans un sens et dans l’autre, j’ai également testé l’insertion du ticket de travers, à 45° ou carrément à 90° : absolument aucun problème ! Finalement la seule chose que je n’ai pas testé est l’insertion d’un ticket plié : il ne faut pas abuser non plus. Et en ce qui concerne les groupes, je n’ai pas vérifié mais il semblerait que l’on puisse insérer tous les tickets à la suite et que le portique s’ouvre pour le bon nombre de personnes.

Alors devant une conception aussi soignée et rigoureuse, je suis absolument admiratif, d’autant plus que ma culture technique me laisse entrevoir la quantité de travail que cela représente.

Allez, je tente.

Il semblerait que la mode des blogs se soit finalement essoufflée : après les blogs page perso « J’ai mangé une pomme », les blogs aigris « TF1 ça fait vraiment pitié », et les (sky)blogs « wesh il é bo mon tag », les blogs de qualité avec huit ans d’âge remontent enfin à la surface, laissant le reste finir de couler. Et c’est finalement le moment que je choisis pour me décider à ouvrir le mien. Il ne faut pas y voir une stratégie du culte de l’avion cargo visant à faire partie de cette élite de qualité : je n’ai pas cette prétention, et si je passe le cap des cinquante billets (et autant de visiteurs), ce sera déjà pas mal (de temps perdu ?).

Non plus que je m’y sente obligé, même si j’ai pu lire avec un certain amusement que si l’on n’avait pas de blog, l’on n’était pratiquement has been. Amusement d’autant plus grand que j’ai longtemps considéré, et encore aujourd’hui, qu’ouvrir un blog en n’ayant rien à dire est vraiment l’échec. Seulement s’il m’arrive assez souvent de mener des réflexions dignes d’un comptoir de bistro, je ne vois pas à qui les livrer, sinon à moi même, qu’à d’hypothétiques visiteurs.

N’ayant ni une vie particulièrement palpitante, ni une fièvre journalistique, ni un domaine d’expertise permettant d’étaler sa science à la taloche en en mettant partout, tout ceci n’aura, en tout cas pour le moment, pas d’objectif particulier. Je tâcherai également de résister à la tentation de médire à tout va, mes collègues de bureau me permettant par ailleurs de me soulager quotidiennement. Si comme moi vous êtes un aigri, vous connaissez sans nul doute ce petit plaisir mesquin de cracher de concert sur tout et n’importe quoi à la première occasion venue. :-)