Instants de vie

Les villes japonaises se ressemblent énormément. Un quadrillage de rues bien alignées, des enchevêtrements inquiétants de câbles électriques, des blocs de bâtiments complètement hétérogènes mais avec pour point commun les dissipateurs de climatisation et les ballons d’eau, une grande galerie couverte, des routes et des voies de chemin de fer superposées sur plusieurs étages…

Lorsque l’on passe dans une ville en train, et notamment en Shinkansen, les voies arrivent souvent à hauteur de fenêtres d’immeubles, et l’on saisit malgré soi des instants de vie au moindre regard à la fenêtre. L’image est fugace, au point que l’on a à peine le temps de la comprendre et elle a déjà disparu, mais cela suffit à en percevoir l’atmosphère.

Ici c’est une étudiante qui passe un entretien oral dans une grande salle de cours où sont seules présentes son examinatrice et elle. Là c’est une réunion de travail au bureau. Ailleurs c’est un employé qui n’est pas encore parti alors que le bureau est déjà vide, ou encore une femme qui est assise seule dans sa cuisine.

On ne sait pas qui sont ces gens, on n’a pas le temps de se souvenir de leur visage ni de l’endroit où ils habitent, on sait qu’on ne les reverra jamais, qu’on ne saura jamais rien d’eux, ni comment ils s’appellent. Et pourtant, l’espace d’un instant, on a perçu une image de leur vie, depuis la fenêtre d’un train sans numéro ni destination qui passait devant leur fenêtre.

Instants of life

Martine

Cela fait quelques temps que l’on voit passer des détournements des couvertures des livres pour enfants « Martine ». Ce qui devait arriver tôt ou tard est donc arrivé : un site permettant d’automatiser ces détournements jusque là artisanaux.

Le coupable : « Martine cover generator »

Bords arrondis, titres magenta, votes, contenu complètement inutile et fortement chronophage : c’est bon, on est en plein web 2.0. :-)

Et de la même façon, ce qui devait arriver tôt ou tard est donc arrivé : le site a depuis fermé ses portes. En attendant c’était bien marrant.

Prendre en photo une inconnue

Samedi tard le soir, station Trocadéro, attendant un métro qui est peut-être le dernier, dans cette ambiance si particulière qui donne l’impression que tout le monde est euphorique, il y a une jeune femme assise sur le quai d’en face. Enfermée dans son monde, elle chante silencieusement au rythme de son balladeur.

Elle occupe le troisième siège d’une rangée de huit, derrière lesquels l’espace publicitaire présente dans un brouhaha visuel et coloré les différentes pièces de théâtre à l’affiche. Habillée d’un tailleur noir, elle constraste avec les sièges verts, le mur blanc, et l’affiche.

La composition serait intéressante, et ferait peut-être une bonne photo. Seulement voilà : comment sortir un appareil et faire un cliché sans l’importuner ? Comment lui demander son autorisation depuis le quai d’en face sans rompre cette ambiance ?

Finalement, il n’y aura pas de photo, et juste un souvenir.

Le privilège de l'ancien élève

C’était il y a quelques années : un camarade et moi même devions à l’occasion d’un retour dans notre ville d’origine retrouver un enseignant du lycée où nous avions étudié tous deux. Arrivés trop tard en ce samedi après-midi ensoleillé, il ne nous restait plus qu’à nous promener avec nostalgie sur les quelques hectares du campus, et notamment ses niveaux secrets, avec l’excuse fallacieuse de rechercher cette personne dans ces lieux improbables.

Sur le chemin de la sortie, nous nous arrêtons devant un panneau informant entre autres des dernières commandes de matériel informatique : un bon moyen de se tenir au courant de l’actualité technologique de son ancien lycée. C’est alors qu’une voiture s’arrête doucement à notre hauteur. Nous attendant sans le moindre doute à nous faire chasser des lieux dans les instants qui suivent, c’est sans chercher de justification que lorsque le conducteur nous demande ce que nous faisons ici, nous répondons simplement que nous sommes anciens élèves.

Notre interlocuteur se présente alors comme étant le proviseur, avant, à notre surprise, de nous annoncer cordialement : « Vous êtes ici chez vous. ».

Voilà un accueil qui nous aura fait très plaisir.

Apprendre le Haskell sur sa pause déjeuner

Haskell fait partie de ces langages que j’aurais aimé trouver le temps d’apprendre, tant ceux qui en parlent le font de façon élogieuse. Et voilà que Laurent signale l’apparition tout récente d’un blog proposant justement de découvrir ce langage selon le concept : « Apprendre le Haskell en 5 minutes par jour ». Riche idée !

Les articles sont rédigés en anglais avec un style très accessible, et abordent petit à petit la syntaxe à coups de bouts de programmes très brefs (en tout cas pour le moment). La pratique n’est pas laissée en reste puisque l’auteur détaille également les étapes sur un Linux avec GHC et emacs.

Attention, désormais ça va saigner aux discussions autour de la machine à café, car maintenant je sais faire un HelloWorld en Haskell. :-)