emacs et le copier-coller

Je suis un fervent utilisateur d’emacs : passée la phase d’apprentissage de ses raccourcis relativement imbitables, il s’avère être un outil extrêmement puissant. Bref, je ne peux plus m’en passer.

Et à propos de raccourcis justement, il en est un que je ne retiens jamais : copier une région en vue de la coller. Alors je fais quasiment à chaque fois un C-k (couper) suivi d’un C-y (coller) et j’ai alors ma région en mémoire. Mais il arrive parfois que cette technique ne soit pas pratique, notamment lorsqu’il s’agit d’une grande région. Dans ce cas on peut toujours appeler explicitement la fonction copier, avec M-x copy-region-as-kill (c’est dans ces moments que l’on apprécie la compétion !).

Et là, emacs de rappeler qu’il existe un raccourci : « You can run the command `copy-region-as-kill` with <f-16> » . Ah oui, merci ! Bon il faudra tout de même que je lui explique que je n’ai pas toujours un clavier Sun… :-/

Les interfaces du futur

Soyons clair, le WIMP est aujourd’hui complètement dépassé, et les boutons pillules de Mac OS X, le composing de Xorg, ou les fenêtres élastiques et le bureau 3D de XGL ne sont que des améliorations très mineures, qui sont certes esthétiques ou amusantes, mais certainement pas innovantes. Si on ne sait pas à quoi ressembleront les interfaces de demain, les projets existants permettent néanmoins de s’en faire quelques idées, et honnêtement, ça donne envie.

Voici par exemple un projet du laboratoire CLIPS de Grenoble : le Magickboard. Un tableau effaçable, un feutre, une brosse et quelques jetons côté utilisateur, un projecteur et une caméra côté système, et vous avez une interface tangible avec un peu de réalité augmentée d’une simplicité et d’une efficacité remarquables. Vivement demain !

http://iihm.imag.fr/demos/magicboard/

Trésor d'ergonomie

C’est lors d’un séjour au Japon que j’ai eu l’occasion de découvrir l’interface qui m’a le plus marqué d’un point de vue ergonomique et même technique d’une façon générale. Cette interface, c’est le distributeur de ticket de train et de métro que l’on trouve en de nombreux exemplaires dans n’importe quelle station JR. Ce système est tout simplement une merveille d’ergonomie, et son cahier des charges ainsi que celui du composteur pourraient tenir sur un simple bout de papier : « Il faut que ça marche ».

Distributeur de ticket de train et métro

Comme on le devine sur la photo, l’écran est tactile. Bien que ce ne soit pas très visible sur ce cliché, il affiche les tarifs disponibles. Au Japon, le prix d’un ticket dépend en effet de la destination. Au dessus des distributeurs se trouve un plan du réseau JR avec la station où l’on se trouve clairement indiquée en rouge, et pour chaque autre station un nombre que l’on comprend aussitôt être le prix pour s’y rendre.

Le problème classique d’ergonomie qui se pose alors généralement est de définir l’ordre des opérations à effectuer pour obtenir son ticket. Sans doute avez-vous déjà vu un distributeur avec des pictogrammes ou des explications numérotées. Rien de tout cela ici : les concepteurs ont décidé de résoudre ce problème de façon cavalière, en permettant aussi bien de choisir d’abord son ticket pour ensuite insérer un moyen de paiement, que d’insérer un moyen de paiement en premier et de choisir le ticket ensuite, auquel cas les boutons deviennent disponibles à mesure que l’on insère de la monnaie. Dans les deux cas, la somme insérée est indiquée clairement par un petit affichage rouge.

Lorsque l’achat est validé, c’est à dire lorsque suffisamment de monnaie a été insérée dans le premier cas, ou lorsqu’un tarif a été indiqué dans le second, le ou les tickets arrivent immédiatement tandis que les fentes pour insérer de l’argent se bloquent et que la monnaie est rendue. Le paiement lui même peut se faire avec de la monnaie, des billets, ou encore d’autres moyens que je n’ai cependant pas eu l’occasion de tester.

Notez la largeur imposante de la fente prévue pour les pièces. Pas question d’insérer les pièces une par une, ce serait faire perdre du temps à l’usager et augmenter les files d’attentes ! J’ai testé avec succès l’insertion simultanée de neuf pièces : la machine n’a pas bronché, même s’il faut reconnaître qu’elle a mis quelques secondes à compter la somme insérée. Je n’ai cependant pas eu l’audace de tester l’insertion simultanée de plusieurs billets, mais je ne serais aucunement surpris que cela fonctionne également.

Notez également les boutons sur la gauche : là non plus je n’ai pas eu l’occasion de tester chacune des fonctionnalités de ce système, mais il est manifestement possible de préciser combien de tickets l’on veut, dans le cas d’un groupe de personnes. C’est un petit rien qui fait gagner un temps précieux.

Pour finir, une parenthèse sur le portique de compostage : cette machine se présente, sans surprise, comme un bloc séparant deux passages, et comporte une fente clairement visible sur le front pour insérer son ticket, et une fente sur le dessus pour le récupérer. Ce qui est plus surprenant déjà est la taille de ces fentes : environ cinq centimètres, alors que le ticket a un format comparable à celui de n’importe ticket de bus ou de métro en France. Cela s’explique simplement par le fait qu’il existe des tickets de plus grande taille (abonnements, etc.), pratiquement au format carte de crédit.

Mais alors comment se comporte cette machine lorsqu’un ticket de petite taille est inséré n’importe comment, dans le chaos des heures de pointe ? Et bien la réponse est simple : elle se comporte de façon étonnamment robuste. Après avoir testé l’insertion du ticket dans un sens et dans l’autre, j’ai également testé l’insertion du ticket de travers, à 45° ou carrément à 90° : absolument aucun problème ! Finalement la seule chose que je n’ai pas testé est l’insertion d’un ticket plié : il ne faut pas abuser non plus. Et en ce qui concerne les groupes, je n’ai pas vérifié mais il semblerait que l’on puisse insérer tous les tickets à la suite et que le portique s’ouvre pour le bon nombre de personnes.

Alors devant une conception aussi soignée et rigoureuse, je suis absolument admiratif, d’autant plus que ma culture technique me laisse entrevoir la quantité de travail que cela représente.