Pour les geeks qui ne sauraient pas quoi faire cet été

Prologin, l’association qui organise le Concours National d’Informatique, propose cet été une toute nouvelle épreuve : le Défi de l’été, un concours ouvert à tous, reprenant un sujet de type finale. Une première partie se déroulera en ligne pendant un mois, durant lequel chacun pourra évaluer son classement grâce à des tournois de matchs amicaux organisés régulièrement. Un tournoi officiel qualifiera ensuite une partie des participants pour venir disputer le tournoi final qui aura lieu lors d’une rencontre d’une journée à Paris.

Cette journée se veut une occasion de rencontrer, d’échanger, et de faire du réseautage (pour reprendre ce terme très laid et à la mode) avec d’autres passionnés, plutôt que de faire un marathon de code comme c’est le cas à la finale. En effet, une journée c’est court, et chacun aura de toute façon déjà un programme fonctionnel qu’il ne restera donc plus qu’à peaufiner et éventuellement corriger. L’accent sera donc mis sur le côté convivial de la rencontre, à la façon d’un bar-camp, et chacun sera invité à intervenir brièvement pour se présenter. La rencontre sera d’ailleurs ouverte aux personnes souhaitant assister sans pour autant participer au concours.

Cela fait maintenant cinq ans que je fais partie de cette association, autant dire que ça commence à faire un certain temps… Aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu ce projet de faire un concours pour les plus de vingt ans. C’est quelque chose qui nous est demandé régulièrement par les candidats lorsqu’ils arrivent à l’âge de ne plus pouvoir participer, et qui nous intéresse car avoir des participants plus âgés, avec plus d’expérience, signifie voir des programmes d’une plus grande qualité et donc une rencontre plus intéressante techniquement.

Seulement voilà, dans une association où nous faisons à peu près tout avec nos petits bras sur notre temps libre, la finale terminée, il ne reste plus beaucoup d’énergie pour se lancer dans autre chose. Alors à chaque fois que l’idée est ressortie des tiroirs, elle y est vite remise faute de moyens et temps. Pourtant cette année, cela n’a pas été le cas. Ressortie, l’idée a été lancée, retournée dans tous les sens, débattue, et finalement concrétisée. Depuis le temps que ce projet est envisagé, les suggestions n’ont pas manqué : un concours à l’identique du Concours National d’Informatique, une seconde finale après la finale, une rencontre destinée aux Grandes Écoles ou chacune serait représentée par une petite équipe (vision bien évidemment très inspirée du concours E=m6), etc. Finalement c’est dont quelque chose d’encore différent qui a été imaginé.

L’idée directrice derrière ce projet est de permettre les échanges : entre étudiants passionnés d’informatique d’une part (et par là je n’entends pas « lycéens qui passent leurs nuits sur World of Warcraft », mais vraiment ceux qui s’intéressent à l’algorithmique, et ont pour passe-temps de programmer comme d’autres font des mots croisés), et professionnels d’autre part, et ça c’est nouveau. Le concours Prologin, initié il y a maintenant quinze ans, est déjà une grande réussite en cela qu’il permet à ces jeunes passionnés de se rencontrer. Mais cette fois nous tentons quelque chose de nouveau : faire venir des professionnels, qui derrière ce terme économique froid peuvent très bien être des gens restés encore très joueurs et technophiles.

Qui sait ce qu’il ressortira de cette expérience ? On prend le risque de connaître un échec cuisant, qui rendrait vaine l’énergie qu’on y aura mise (et nous laissera certainement un goût amer), mais au moins on aura essayé. Mais vraiment, j’espère que ça va marcher. Donc viendez ! :-)

emacs et le copier-coller

Je suis un fervent utilisateur d’emacs : passée la phase d’apprentissage de ses raccourcis relativement imbitables, il s’avère être un outil extrêmement puissant. Bref, je ne peux plus m’en passer.

Et à propos de raccourcis justement, il en est un que je ne retiens jamais : copier une région en vue de la coller. Alors je fais quasiment à chaque fois un C-k (couper) suivi d’un C-y (coller) et j’ai alors ma région en mémoire. Mais il arrive parfois que cette technique ne soit pas pratique, notamment lorsqu’il s’agit d’une grande région. Dans ce cas on peut toujours appeler explicitement la fonction copier, avec M-x copy-region-as-kill (c’est dans ces moments que l’on apprécie la compétion !).

Et là, emacs de rappeler qu’il existe un raccourci : « You can run the command `copy-region-as-kill` with <f-16> » . Ah oui, merci ! Bon il faudra tout de même que je lui explique que je n’ai pas toujours un clavier Sun… :-/

Les interfaces du futur

Soyons clair, le WIMP est aujourd’hui complètement dépassé, et les boutons pillules de Mac OS X, le composing de Xorg, ou les fenêtres élastiques et le bureau 3D de XGL ne sont que des améliorations très mineures, qui sont certes esthétiques ou amusantes, mais certainement pas innovantes. Si on ne sait pas à quoi ressembleront les interfaces de demain, les projets existants permettent néanmoins de s’en faire quelques idées, et honnêtement, ça donne envie.

Voici par exemple un projet du laboratoire CLIPS de Grenoble : le Magickboard. Un tableau effaçable, un feutre, une brosse et quelques jetons côté utilisateur, un projecteur et une caméra côté système, et vous avez une interface tangible avec un peu de réalité augmentée d’une simplicité et d’une efficacité remarquables. Vivement demain !

http://iihm.imag.fr/demos/magicboard/

Trésor d'ergonomie

C’est lors d’un séjour au Japon que j’ai eu l’occasion de découvrir l’interface qui m’a le plus marqué d’un point de vue ergonomique et même technique d’une façon générale. Cette interface, c’est le distributeur de ticket de train et de métro que l’on trouve en de nombreux exemplaires dans n’importe quelle station JR. Ce système est tout simplement une merveille d’ergonomie, et son cahier des charges ainsi que celui du composteur pourraient tenir sur un simple bout de papier : « Il faut que ça marche ».

Distributeur de ticket de train et métro

Comme on le devine sur la photo, l’écran est tactile. Bien que ce ne soit pas très visible sur ce cliché, il affiche les tarifs disponibles. Au Japon, le prix d’un ticket dépend en effet de la destination. Au dessus des distributeurs se trouve un plan du réseau JR avec la station où l’on se trouve clairement indiquée en rouge, et pour chaque autre station un nombre que l’on comprend aussitôt être le prix pour s’y rendre.

Le problème classique d’ergonomie qui se pose alors généralement est de définir l’ordre des opérations à effectuer pour obtenir son ticket. Sans doute avez-vous déjà vu un distributeur avec des pictogrammes ou des explications numérotées. Rien de tout cela ici : les concepteurs ont décidé de résoudre ce problème de façon cavalière, en permettant aussi bien de choisir d’abord son ticket pour ensuite insérer un moyen de paiement, que d’insérer un moyen de paiement en premier et de choisir le ticket ensuite, auquel cas les boutons deviennent disponibles à mesure que l’on insère de la monnaie. Dans les deux cas, la somme insérée est indiquée clairement par un petit affichage rouge.

Lorsque l’achat est validé, c’est à dire lorsque suffisamment de monnaie a été insérée dans le premier cas, ou lorsqu’un tarif a été indiqué dans le second, le ou les tickets arrivent immédiatement tandis que les fentes pour insérer de l’argent se bloquent et que la monnaie est rendue. Le paiement lui même peut se faire avec de la monnaie, des billets, ou encore d’autres moyens que je n’ai cependant pas eu l’occasion de tester.

Notez la largeur imposante de la fente prévue pour les pièces. Pas question d’insérer les pièces une par une, ce serait faire perdre du temps à l’usager et augmenter les files d’attentes ! J’ai testé avec succès l’insertion simultanée de neuf pièces : la machine n’a pas bronché, même s’il faut reconnaître qu’elle a mis quelques secondes à compter la somme insérée. Je n’ai cependant pas eu l’audace de tester l’insertion simultanée de plusieurs billets, mais je ne serais aucunement surpris que cela fonctionne également.

Notez également les boutons sur la gauche : là non plus je n’ai pas eu l’occasion de tester chacune des fonctionnalités de ce système, mais il est manifestement possible de préciser combien de tickets l’on veut, dans le cas d’un groupe de personnes. C’est un petit rien qui fait gagner un temps précieux.

Pour finir, une parenthèse sur le portique de compostage : cette machine se présente, sans surprise, comme un bloc séparant deux passages, et comporte une fente clairement visible sur le front pour insérer son ticket, et une fente sur le dessus pour le récupérer. Ce qui est plus surprenant déjà est la taille de ces fentes : environ cinq centimètres, alors que le ticket a un format comparable à celui de n’importe ticket de bus ou de métro en France. Cela s’explique simplement par le fait qu’il existe des tickets de plus grande taille (abonnements, etc.), pratiquement au format carte de crédit.

Mais alors comment se comporte cette machine lorsqu’un ticket de petite taille est inséré n’importe comment, dans le chaos des heures de pointe ? Et bien la réponse est simple : elle se comporte de façon étonnamment robuste. Après avoir testé l’insertion du ticket dans un sens et dans l’autre, j’ai également testé l’insertion du ticket de travers, à 45° ou carrément à 90° : absolument aucun problème ! Finalement la seule chose que je n’ai pas testé est l’insertion d’un ticket plié : il ne faut pas abuser non plus. Et en ce qui concerne les groupes, je n’ai pas vérifié mais il semblerait que l’on puisse insérer tous les tickets à la suite et que le portique s’ouvre pour le bon nombre de personnes.

Alors devant une conception aussi soignée et rigoureuse, je suis absolument admiratif, d’autant plus que ma culture technique me laisse entrevoir la quantité de travail que cela représente.